Le vendredi 2 janvier dernier, j’ai eu le plaisir de faire une entrevue avec Anne-Josée Cameron de ICI Radio-Canada. Vous pouvez l’entendre ici. Pour votre grand plaisir, voici une transcription du reportage.
Catherine Lachaussée : Alors Anne-Josée, on va parler de Frédéric Raymond qui a plusieurs cordes à son arc puisqu’il est scientifique, nouvelliste, romancier et éditeur. Et vous l’avez rencontré en fait cet écrivain qui se passionne pour l’horreur.
Anne-Josée Cameron : Oui, on a parlé de plusieurs choses dont entre autres son premier roman qui est paru en 2014 aux Six Brumes. Et c’est assez particulier parce que pour un premier roman il a choisi de raconter la vie de Chistabel. Elle est cannibale, elle doit manger de la chair fraîche et elle combat de toutes ses forces ce besoin de chair fraîche. Elle ne veut pas vivre cette différence évidemment qui la pousse au meurtre. Et c’est toute la réflexion et la vie de cette jeune femme-là qui doit combattre ses pulsions, entre le rationnel et l’irrationnel. Et c’est un livre particulier qui avait un but très précis pour Frédéric Raymond.
Frédéric Raymond : Ce qui me passionne dans l’horreur et c’est pour ça que des auteurs comme Clive Barker et Anne Rice comptent parmi les auteurs qui m’ont le plus fasciné, c’est de voir le monde par les yeux d’un monstre. Dans ce livre-là, c’est ce que j’ai essayé de faire, de voir le monde par les yeux d’une cannibale qui est très humaine, comparativement à d’autres personnages qui sont des humains plutôt monstrueux. Mais le but c’était de montrer le monde par les yeux d’un monstre.
AJC : En effet, elle est très humaine. Elle ressent la culpabilité. Elle va vivre une grande histoire d’amitié, mais évidemment être ami avec une cannibale c’est pas toujours évident. Ça coupe court à toutes les histoires possibles, amour et amitié. Elle éprouve des remords et ce qui est intéressant pour un premier roman c’est que les hommes ne sont pas très importants ou sont plutôt alimentaires si je peux me permettre.
CL : Alimentaires dans le sens…
AJC : Dans les sens qu’elle peut les croquer. C’est intéressant, les personnages sont bien développés, et j’ai trouvé ça pas mal du tout. J’aurais aimé qu’on aille un peu plus loin encore, mais ça m’a plus, il y a une ambiance, une atmosphère qui est imposée. Vraiment c’est à suivre. C’est un jeune écrivain d’horreur à suivre, mais il est aussi, outre son talent d’écrivain [, un scientifique] et d’ailleurs on va parler un peu de la génétique et de l’ADN dans le roman, il rejoint ses passions.
CL : Il est éditeur.
AJC : Il est aussi éditeur, voilà. Il a fondé La Maison des viscères en 2010, premier roman paru en 2011, premier livre plutôt.
CL : Maison des viscères, c’est pour rester dans le thème.
AJC : Bien voilà, le but était clair, faire de la littérature d’horreur.
FR : Notre but s’était de montrer une horreur crue avec les couvertures, des crânes avec des tripes et tout et tout. Sur l’autre c’est un draveur qui drave sur des corps dans notre livre Exodes. Le but aussi c’est d’aller chercher différents auteurs, donc chacun des livres contient des textes de trois auteurs différents avec un thème. Parfois le thème peut être très large. Dans Agonies le thème c’était l’horreur extrême, donc on a trois auteurs à qui on a commandé des textes. On leur a dit : « Écrivez-nous des textes gores, écrivez-nous quelque chose qui frappe. » À ce moment-là on a travaillé avec les auteurs pour donner les meilleurs textes possible et puis on a fait un recueil de trois textes. Trois textes assez longs. Il y a des maisons d’édition qui publieraient ces textes-là séparément.
AJC : C’est ce que j’allais vous dire. Est-ce qu’on est encore dans le roman ou on est dans la nouvelle?
FR : En fait, on est entre les deux. C’est un format qui s’appelle la novella. C’est un format qui se porte sur bien à l’histoire d’horreur étant donné que c’est pas si court, on a le temps de mettre une ambiance, mais on a pas nécessairement besoin de faire un roman à la Stephen King, de 600 pages.
AJC : Donc trois courts romans pour le prix d’un. Il y a deux publications qui sont prévues cette année, dont l’une dont la thématique est Bizarro, consacrée à l’absurde et à l’horreur. C’est prévu pour la fin de l’hiver. On y retrouvera les écrivains Éric Gauthier, Dave Côté et Guillaume Voisine. Je dois vous avouer que la littérature d’horreur québécoise je la connais un peu moins, je vais m’y plonger au cours des mois qui viennent. Un autre roman est prévu pour la maison d’édition et si vous aimez le genre vous pouvez vous procurer les romans papier ou numériques sur Amazon, Kobo ou en allant sur le site de la maison d’édition, www.visceres.com.
CL : Mais pour Jardin de chair, vous compareriez ça à quoi? Pas nécessairement dans le livre québécois.
AJC : Écoutez, c’est facile de dire un peu de Patrick Senécal. C’est pas du tout dans le genre Stephen King. On est dans le quotidien. L’héroïne dans Jardin de chair, elle vit à Québec. Elle est d’un père qui avait le même défaut génétique qu’elle, de vouloir manger des êtres humains. Lui aussi ça lui posait un gros problème éthique et sa mère, elle, n’est pas cannibale, mais ça ne lui dérange pas; pour sa fille elle est prête à tout faire pour la nourrir. Alors ça donne lieu à une espèce de roman psychologique d’horreur. J’aurais de la misère à comparer avec… j’aime la littérature d’horreur, mais ce n’est pas une littérature que je connais parfaitement. Mais franchement c’est assez intéressant.
CL : Je n’ai pas entendu toute votre chronique Anne-Josée, mais est qu’il y a des références, vous dites que l’histoire a lieu à Québec. Est-ce qu’il y a des références de lieu. Est-ce qu’on se retrouve?
AJC : Oui, tout à fait. Dans les cimetières entre autres.
CL : Moi ça me fait peur.
AJC : Il y a des amitiés qui vont naître dans des cimetières, Cimetière St-Matthews, Belmont, le cimetière à Sillery dont j’oublie le nom, mais qui est très connu. Oui, parce que ça se passe aussi dans des cimetières. Il y a toute une atmosphère. Il y a aussi l’opposition entre la banlieue et la ville, les jardins, un univers de…
CL : Ah j’aime ça, vous me l’avez vendu.
AJC : Sincèrement, c’est fort intéressant. Ça s’appelle Jardin de chair, de Frédéric Raymond, c’est publié aux Six Brumes.
Wow! (j'ai les yeux écarquillés, là!)
RépondreSupprimerBravo pour cette entrevue!