L’odeur saline du Bas-St-Laurent titillait les narines de Jeffrey et ramenait à sa mémoire des souvenirs enfouis depuis des lustres. L’air froid caressait son visage alors que sa voiture roulait à vive allure sur la route en montagnes russes qui menait au village. Le véhicule, montant et descendant, produisait dans son bas-ventre une sensation qui le faisait rire quand il était enfant. Les champs étaient encore jaunis de leur séjour sous la neige, mais cette dernière avait presque disparu. Çà et là, quelques traînées de neige sale persistaient, mais leur fonte ne saurait tarder. La route n’était pas aussi longue que dans ses souvenirs. Peut-être parce que, à l’époque, il avait hâte d’arriver à la maison familiale où avait grandi son père. Mais c’était peut-être aussi parce que, cette fois, ce qu’il devait y accomplir créait en lui une angoisse que ni la beauté du paysage ni la nostalgie ne parvenaient à atténuer.
L’embranchement en T arriva trop vite et Jeffrey resta un instant arrêté avant de tourner. Il n’était pas prêt à revoir l’église qui apparaîtrait à sa gauche, le magasin général qui se profilerait à sa droite et, surtout, la maison blanche, avec sa galerie à deux escaliers et la porte secondaire condamnée sur le côté. L’éclairage indigo produit par un ciel troublé donnait une allure irréelle au décor. Le cœur battant, Jeffrey sortit de son inertie et appuya sur l’accélérateur. Quelques minutes plus tard, il garait sa voiture dans l’allée longeant la maison.
Jeffrey sortit de sa voiture. Il longea le mur extérieur de la maison familiale, dont la peinture écaillée des bardeaux de bois jurait avec la splendeur dont il se souvenait. Cependant, ce qui le perturba le plus fut la vue de la maison d’à côté, la maison de Sarah.
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Félicitations pour cette publication! :) Bien hâte de lire ça!
RépondreSupprimerSi je ne savais pas que tu y publiais une nouvelle, lire le titre de ton billet me laisserait entendre que tu as déniché la plus mauvaise nouvelle publiée dans Solaris. Il faut le faire pour lire tous les textes qui y ont été publié... lol ;-)
RépondreSupprimerFélicitations collègue littéraire!
Qu'on se rassure, "La pire histoire" n'est pas la pire histoire publiée dans Solaris! Et même si elle l'était, ça resterait quand même un bon texte... ;-)
RépondreSupprimerJoël Champetier