Alors que le Père-Noël montait dans son traineau, la Mère-Noël sortit du château et cria son nom.
« Qu’est-ce que tu fais ? », lui demanda-t-elle avant de voir qu’il avait sur ses genoux un sucre d’orge au tranchant indubitable. Ils se regardèrent dans les yeux pendant près d’une minute et le Père-Noël dit finalement : « Je crois qu’il y a une autre solution ». Il se leva et s'enferma dans son bureau.
Dans l’usine, les lutins étaient inquiets. Ils n’avaient jamais vu le Père-Noël en colère. Le lendemain, ils reçurent la consigne de reprendre la production. Quand le Père-Noël visita l’usine, il n’avait pas sa bonne humeur habituelle. Il alla jusqu’à congédier un lutin contre lequel il avait buté. Tous se demandaient ce qu'il adviendrait de Noël.
La production fut achevée à temps et le Père-Noël fit la livraison comme prévu. Le 26 décembre, il convoqua une nouvelle réunion. « Cette année », dit-il, « nous concentrerons nos efforts sur une compagne de marketing telle que le monde n’en a jamais connu. » Il présenta son plan détaillé aux lutins et leur assigna chacun un nouveau poste.
Pendant toute l’année, la population de la terre fut bombardée de propagande traditionaliste. Quelques semaines avant Noël, les lutins étaient à tous les coins de rue. Les gens semblaient aimer ce regain de féérie, mais les administrateurs du Royaume des jouets étaient mécontents de cette initiative peu rentable.
Après une réunion d’urgence, ils décidèrent qu’il était temps de mettre fin au règne du Père-Noël. Ils constituèrent un plan si sournois que le Père-Noël ne vit aucunement qu’il était manipulé alors qu’il croyait défier l’autorité du Royaume des jouets.
Le Noël de cette année-là fut traditionnel, et extrêmement lucratif. Les campagnes propagandistes du Père-Noël incitèrent non seulement les enfants à désirer les jouets d’une autre époque, mais chaque adulte avait acheté une réplique de lutin de Noël pour côtoyer le sapin. Des usines, indépendantes du Père-Noël, poussèrent comme des champignons pendant cette année-là et elles firent fortune. La bourse de Noël atteint des sommets jamais égalés par le passé.
Quand le jour de Noël arriva, le Père-Noël commença sa tournée. Il descendit la première cheminée. Une fois à l’intérieur de la maison, il eut le sentiment que quelque chose clochait. Il aperçut finalement le lutin de Noël posé, bien en évidence, près du sapin. Comme le Père-Noël ne visitait jamais les grands magasins, il n’avait pas décelé la tactique des administrateurs. Ils avaient tourné la campagne du Père-Noël à leur avantage! Gardant son sang-froid, le Père-Noël plaça les cadeaux sous le sapin et remonta dans la cheminée. La seconde maison qu’il visita possédait aussi son lutin de Noël. De même pour la troisième et la quatrième.
À la six mille trois cent cinquante-quatrième maison, le Père-Noël perdit patience. De son poing massif, il envoya valser le lutin dans le sapin. Le bruit réveilla les enfants et ils accoururent dans le salon. Quand ils virent le visage convulsé de colère du gros bonhomme, ils hurlèrent de terreur. Les parents accoururent, mais il était trop tard. Le Père-Noël avait perdu l’esprit.
Cependant, ce qui s’est passé serait trop horrible pour être raconté dans un conte de Noël.
À suivre... ici
Je vais essayer de publier la troisième partie avant Noël...
RépondreSupprimerBah oui, il faut! Déjà que l'écart entre les deux premières parties m'a forcée à relire l'autre... ;)
RépondreSupprimerEt c'est une bonne chose?
RépondreSupprimerC'est que j'ai décidé de changer la fin pour la rendre plus gore. Vous m'en remercierez.