Anathem, de Neal Stephenson

Sur Arbre, une planète similaire à la Terre, la population est divisée en plusieurs castes. Celle qui nous intéresse est celle du monde Mathique, une classe de moines érudits cloitrés qui, selon leur groupe, ont un contact plus ou moins fréquent avec le monde extérieur. Certains le visitent une fois par années, d'autres tous les dix ans, tous les cent ans ou tous les millénaires. Ils passent leur vie à maîtriser des sciences comme l'astronomie, la géométrie, la physique, les mathématiques (monde Mathique, vous voyez le lien?). Le protagoniste et narrateur du roman est Fraa Erasma, un jeune homme d'une vingtaine d'années qui fait partie des décénaires, ceux qui ont un contact avec l'extérieur tous les dix ans. Ce moment est justement très proche et Fraa Erasmas pourra découvrir le monde extra-muros. Après dix jours, lorsque les portes de son monastère se referment, débutent une série d'événements qui vont changer la vie de Fraa Erasma, celle du monde Mathique et celle d’Arbre...

Anathem est un roman de fiction spéculative bien spécial, comme le sont tous les romans de Neal Stephenson. On y trouve de l'humour, des péripéties abracadabrantes, de la science et de la philosophie. Une bonne portion du roman consiste en des échanges nommés dialogues, au sens philosophique du terme, au cours desquels deux personnes échangent des arguments sur un sujet dans le but de 1. avoir raison et 2. pousser la question plus loin. C'est un peu comme lire Platon, mais avec du suspense et des éléments de science moderne et de science fictive. Entre les scènes d'action et les dialogues, je crois que ce sont ces derniers qui m'ont le plus tenu sur le bout de ma chaise. Ce genre de passage est la raison principale pourquoi Stephenson est mon auteur de SF favori.

Anathem se lit bien, mais on ne doit pas laisser son cerveau au neutre, surtout au début. Comprendre l'univers n'est pas une tâche évidente au premier abord, car on doit assimiler des dizaines de termes nouveaux pour des concepts parfois nouveaux, souvent connus. Heureusement, le livre inclut un index. Quand même, après les 100 premières pages, j'avais assimilé la plupart du vocabulaire et je visualisais bien le monde qui m'était décrit. En ce qui concerne l'histoire en général, elle est fantastique! Je ne veux rien dire à propos de l'évènement perturbateur (ne lisez pas le résumé sur la quatrième couverture si possible), car ça permet une meilleure immersion dans le livre en permettant au lecteur de découvrir les surprises au même rythme que Fraa Erasma. Je me permettrai cependant de dire que les évènements relatés dans Anathem sont épiques.

En un sens, Anathem pourrait être comparé à Harry Potter. Entendons-nous, la complexité d'Anathem est à des années lumières de celle de HP. Cependant, la dichotomie entre le monde mathique et le monde séculaire (les sorciers vs les moldus), les règles à suivre dans les monastères (menant à des punitions à des moments critiques), la panoplie de mots inventés et la relation mentor-élève sont des éléments communs aux deux univers. Ce n'est ni un défaut, ni une qualité, ça m'a juste fait sourire.

Je recommande Anathem, comme tous les autres romans de Neal Stephenson, aux amateurs de SF solide qui aiment leurs romans bien ancrés dans la science et la philosophie. Jusqu'ici, mon roman préféré de Stephenson était Cryptonomicon, mais je crois qu'Anathem vient de prendre sa place, probablement parce que son intrigue est beaucoup plus claire que celle de Cryptonomicon, et parce que cette dernière se base sur des extrapolations fabuleuses de concepts scientifiques.

Fait intéressant pour les lecteurs québécois, il semblerait que la traduction chez Braguelonne ait été faite par Jean-Louis Trudel. Je serai curieux de voir comment il a traduit tous ces termes. Justement, les traductions utilisés pour cette critique sont de moi et ne correspondent peut-être pas aux traductions officielles...

C'est ma deuxième critique d'un roman de SF cette année. J'avais promis d'en commenter trois.

2 commentaires:

  1. "Zodiac" et "Panique à l'université" (The Big U en anglais, je crois) m'avaient laissé plutôt froid. Tu me donnes le goût de me réessayer avec lui. Sur ma liste !

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  2. @Lees Je crois que les deux que tu as lu sont ses premiers livres. Je ne sais pas s'ils ont la densité de ses derniers livres. Le principal défaut que j'ai remarqué chez Stephenson est que parfois les intrigues ne sont pas tout à fait claire. Sur cet aspect, Anathem est supérieur à Cryptonomicon ou au Cycle Baroque (selon les sections du livre, les intrigues sont plus ou moins claires). Quand même, je lis surtout Stephenson pour ses tergiversations scientifiques et son humour.

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