Même si vous n'avez pas vu les films de la série Hellraiser, vous connaissez probablement le personnage emblématique qui la représente, le sordide Pinhead, une sorte de moine sadomasochiste tout droit sorti de l'enfer. Le premier film de la série avait été adapté par Clive Barker lui-même, à partir de son excellent roman The hellbound heart. Cependant, si vous n'avez ni lu, ni visionné ce chef-d'oeuvre de l'horreur, vous avez probablement des idées préconçues à son sujet. En effet, ce n'est pas qu'une fresque gore, mais un drame érotique dont les principaux thèmes sont le désir et la souffrance.
L'anthologie The Hellbound Hearts est exempte de toute trace de Pinhead et, pourtant, chacune des nouvelles représente à merveille l'état d'esprit de Hellraiser. Certaines explorent le désir, d'autres la souffrance. Toutes explorent la quête d'un individu torturé et le moyen infernal qui lui permet de fusionner avec ses démons. De par la nature de Hellraiser, Hellbound Hearts se révèle être une anthologie d'horreur érotique. Pas qu'elle contienne des tonnes de scènes de sexe graphique, mais parce que le désir y est omniprésent. On oublie souvent que l'érotisme n'est pas dans la description d'actes sexuels, mais dans l'anticipation de ceux-ci. C'est la même chose pour l'horreur, dont l'anticipation augmente l'effet. Justement, certaines nouvelles contiennent des scènes gore exceptionnelles.
En général, les textes sont plutôt intimistes. Ils commencent d'un point de vue réaliste qui se mue en une rencontre avec le monde infernal. Sur les 21 nouvelles du recueil, seulement deux ne m'ont pas trop plu (et dans les deux cas, c'est une question de style, pas d'histoire). C'est rare d'avoir une aussi bonne consistance dans une anthologie. De même, la plupart des auteurs sont assez connus, et deux acteurs ayant joué le rôle de cénobites dans l'un des Hellraisers présentent une nouvelle (en plus de Doug Bradley, Pinhead lui-même, qui signe le postface). De ces deux nouvelles, Sister Cilice de Barbie Wilde, m'a particulièrement plu. De même, les nouvelles de Tim Lebbon, Sarah Langan, Yvonne Navarro et Kelly Armstrong étaient superbes. La bande dessinée écrite par Neil Gaiman et dessinée par Dave McKean a aussi fait un bon effet.
Au final, Hellbound Hearts est à lire pour les amateurs d'horreur érotique et pour ceux qui aiment les anthologies thématiques. On y retrouve l'essence de Hellraiser, ce qui montre que ce ne sont pas ses frasques gore qui intéressent, mais bien ses thèmes puissants. Je suis persuadé que c'est la même chose pour à peu près toutes les oeuvres de Barker. Si un auteur mérite de voir son imaginaire repris par d'autres, à l'instar de Lovecraft, c'est bien Clive Barker.
Et ça change des histoires de zombies!
Ok, faudrait que je me décide à lire Hellraiser... désir et souffrance... tu es le premier à me le décrire sous cet angle.
RépondreSupprimer@Gen Le film et le livre sont très similaires, mais cet aspect est beaucoup plus apparent dans le livre. Cependant, si tu veux lire un Barker, c'est pas celui-là que je suggèrerais en premiers (J'opterais plus pour Weaveworld, Coldheart Canyon ou Galilée). C'est quand même dur de dire lequel est le meilleur... ils sont tous bons!
RépondreSupprimerJe note et je prendrai probablement le premier sur lequel je tomberai! hihihihi
RépondreSupprimerTu as ouvert la porte de la curiosité en moi, je dois l'admettre... :)
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