Même si le livrel n'est pas nouveau - je me souviens d'avoir téléchargé, dans le temps des babillards électroniques, des livres issus du projet Gutenberg - l'heure est venue pour sa démocratisation. Avant de me lancer dans un survol des éditeurs et distributeurs de livrels, visitons le projet Gutenberg, qui existe depuis 1971. Le projet a pour objectif de rendre publics les romans qui ne sont plus protégés par le droit d'auteur, souvent en format compatible avec la majorité des lec-tueurs. Entre autres, la page suivante répertorie les oeuvres d'horreur incluses dans le projet, par exemple Dracula, Frankenstein, l'oeuvre de Poe, une partie de celle de Machen, Varney le vampire, Carmilla, etc. L'oeuvre de Lovecraft est aussi disponible sur net, de même que celle de Sade.
Au Québec
J'ai acheté mon premier livrel chez Les Six Brumes, qui proposent deux titres épuisés en format papier : La légende de McNeil de Jonathan Reynolds et L'ancienne famille de Michel J Lévesque. Robert ne veux pas lire propose un feuilleton extrême de Edouard Bond, J'irai me crosser sur vos tombes. Archambault propose Jelis.ca, site sur lequel on peut trouver certains des romans publiés par Alire. Dans la section romans d'épouvante de jelis.ca, on trouve six romans, dont la trilogie des cités intérieures de Natasha Beaulieu, La mémoire du lac de Joël Champetier et deux éditions de La peau blanche, aussi de Champetier. La maison d'édition D-Star Éditions propose aussi ses livres en format électronique.
En anglophonie
En anglophonie, la littérature numérique s'épanouit comme une fleur au printemps. Chez le géant amazon.com, on compte, dans la catégorie horreur, 4845 livrels pour le Kindle. Surtout des bestsellers, mais on retrouve aussi certains petits éditeurs qui engagent Amazon pour distribuer leurs livres. Leur catalogue inclut, entre autres, Eraserhead press, une maison d'édition donnant dans le genre bizarro (le genre de l'étrange, du foutrement étrange) et qui publie des livres aux titres évocateurs comme The haunted vagina et Ass Goblins of Auschwitz. Le problème avec Amazon, c'est la licence que l'utilisateur doit accepter pour se procurer ses livres. En bref, les livres n'appartiennent pas vraiment à l'acheteur, car Amazon peut révoquer cette licence à tout moment. Voir cet article de Cory Doctorow pour plus de détails sur le sujet. Un autre problème de Amazon, c'est que souvent les livres sont le même prix que la version en format poche, ce qui me semble un peu insultant pour le consommateur.
Le point central de distribution du livrel horrifiant est probablement http://www.horror-mall.com/. Ils distribuent électroniquement les livres de 11 petites maisons d'édition, dont ChiZine Publications, Delirium Books et Darkside Digital. On peut y trouver des auteurs plus connus comme Tom Piccirilli, Tim Waggoner, Brian Knight, J.F. Gonzalez, Wrath James White, David Niall Wilson et Jeff Strand. D'accord, vous ne les connaissez probablement pas tous. Je ne les ai pas tous lus moi non plus. Cependant, la plupart publient des romans chez Leisure, l'éditeur par excellence de romans d'horreur.
Lovecraft Press est un nouveau venu qui publiera des auteurs comme Nate Southard et Kealan Patrick Burke. Les premiers livres sont prévus pour mars. Le design de leur site Web est superbe, j'ai hâte d'en savoir plus.
On peut aussi trouver des perles là où on ne s'y attendrait pas. Ravenous Romance publie de la romance et de l'érotisme. À première vue, ça n'a rien à voir avec l'horreur. Pourtant, ils ont publié une anthologie qui semble fort intéressante : Hungry for Your Love: An Anthology of Zombie Romance, éditée par Lori Perkins. La genèse de cette anthologie est simple : pendant le congrès Necon, l'éditrice s'est fait dire qu'il serait impossible de faire une anthologie de romance paranormale parlant uniquement de zombies. Elle a relevé le défi avec ce ebook qui inclut des textes d'auteurs d'horreur (dont l'ubiquitaire Brian Keene) et d'auteurs de romances. Ce projet aurait-il pu voir le jour en format papier? J'en doute...
Le monstre tapi dans l'ombre
Jusqu'ici, je n'ai pas mentionné les distributeurs/imprimeurs à la demande, qui permettent aux auteurs de publier leurs romans en échange de certains frais. Autant cela peut être tentant de publier un texte aussi facilement, autant le texte manquera de crédibilité, surtout pour les nouveaux auteurs, parce qu'il n'a pas subi de travail réel de direction littéraire et, surtout, de sélection naturelle. Une discussion sur le blogue de Brian Keene (encore!) suggère que ce mode de distribution pourrait être utile pour des auteurs reconnus qui ont un bassin d’admirateurs étendu, par exemple en publiant des textes plus pointus ou en rééditant des textes épuisés en format papier. Dans ce même ordre d'idée, Scott Nicholson tente l'expérience de l'auto-réédition numérique. Il rend disponible sur Amazon et Smashwords son roman The red church, qui n'est plus imprimé. Il y a aussi republié la novella Burial to follow, qui avait été publiée dans le magazine Cemetery Dance. Il mise sur un prix compétitif : 0.99$ et 1.99$. Étrangement, The red church est deux foix plus chez Amazon.
Le monde du livrel est en pleine effervescence. Il reste à voir si l'on va se perdre dans un mucus gastro-intestinal de prose merdique ou si la qualité va l'emporter sur la facilité. Chose certaine, je vous tiendrai au courant de mes découvertes dans le monde de l'horreur électronique.
Je crois qu'au moins un autre billet sur la littérature d'épouvante en format numérique suivra celui-ci, mais je ne sais pas encore exactement quel en sera le sujet. Restez à l'écoute!
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